Paris 1835, M. A. JULLIEN DE PARIS publie un livre avec de bonnes instructions pour mieux compléter l’éducation de nos enfants et aussi mieux remplir nos rôles – naturels – de mère ou de père.
Ces consignes doivent être utilisées par toute personne qui souhaite mieux se comprendre, mais aussi ses enfants et donc la société. Ce que je partageais au travers de “L’hunaré” et qui est ici encore souligné en 1835, ce n’est pas à l’homme de faire des lois, mais à l’homme de respecter et de suivre les lois de la nature.
Vous trouverez ci-dessous un extrait sur le rôle de la mère, nos mères.
« C’est la MÈRE DE FAMILLE, conçue dans sa pureté primitive dans son acception naturelle et complète, dans, la généralité des sentiments qui l’animent pour la faible et innocente créature qu’elle vient de lancer dans la vie, qui peut nous révéler les vrais secrets de l’art difficile de former les hommes. La Mère de famille est le véritable et unique type de l’éducation perfectionnée.
La première condition pour bien élever les enfants est un attachement maternel pour l’enfance. Loin de nous, ces calculateurs égoïstes qui ne voient dans une institution qu’une spéculation, et dans les élèves confiés à leur surveillance, qu’une matière brute à exploiter, qu’un capital à faire valoir.
Notre Instituteur, à nous, est, avant tout, pénétré d’un sentiment de tendresse affectueuse pour ces êtres encore imparfaits, pour ces plantes délicates, pour ces fleurs à peine entr’ouvertes dont la culture et le développement, exigent de lui une attention et des soins assidus. AIMER LES HOMMES, est la première condition pour les former dans l’enfance et dans la jeunesse ; pour les conduire et les gouverner dans l’âge mûr. La fonction de l’Instituteur est un ministère sacré. La plus précieuse des récompenses doit couronner ses travaux, si l’enfant qu’il est chargé de préparer pour la vie sociale devient à la fois un citoyen utile et estimé, un bon père, un membre distingué de la famille humaine.
La Mère qui a bien compris sa mission et ses devoirs, ne laisse point dégénérer sa tendresse pour ses enfants en une affection aveugle, mollement complaisante, qui caresse leurs fantaisies, qui encourage leurs penchants vicieux qui, les abandonnant à eux-mêmes sans les redresser, finirait promptement par altérer et corrompre en eux les meilleures inclinations. L’AMOUR MATERNEL se compose d’un entier et continuel dévouement, d’une sollicitude prévoyante, d’une raison toujours forte et éclairée.
Le dévouement et la sympathie de la Mère lui concilient; l’amour, la confiance entière, toutes les affections de l’enfant, et le disposent à une soumission absolue à ses volontés.
La prévoyance, toujours judicieuse et inquiète de la Mère, écarte de bonne heure du berceau de son enfant les premiers symptômes des inclinations vicieuses, les mauvais exemples, les discours dangereux et corrupteurs, même les paroles indiscrètes ou imprudentes.
La raison et la sagesse de la bonne Mère, en ne faisant aucune concession aux faiblesses et aux mauvaises tendances ou aux défauts de ses enfants, les fortifient, dès l’âge le plus tendre, contre l’influence contagieuse des vices.
La bonne Mère de famille recueille elle-même avec avidité les premiers éléments des connaissances auxquelles elle veut préparer ses enfants. En emmiellant pour eux les bords du vase, elle les dispose d’avance à s’en abreuver avec délices, sans qu’ils soient jamais rebutés par un mélange d’amertume qui aurait pu leur inspirer quelque dégoût.
La première saison de la vie, qui en forme une partie importante, et souvent la seule qui nous soit accordée par la nature doit être, autant que cela est possible, rendue agréable, facile, attrayante. Les premières impressions conservent pendant de longues années toute leur influence. Si l’entrée de la vie s’est annoncée par de frais ombrages, par des gazons semés de fleurs, par de limpides ruisseaux qui les arrosent, par le chant harmonieux des oiseaux qui se jouent sous le feuillage, par les rayons doux et purs d’un astre bienfaisant, par les tendres caresses d’une mère adorée, par le sentiment intérieur et vivifiant de l’accroissement journalier des forces physiques, des facultés: morales, des dispositions intellectuelles, par le développement d’une affection sympathique pour ses semblables, par la jouissance délicieuse et pure qui résulte des bonnes actions et des travaux utiles ; alors, la vie, commencée sous d’aussi favorables auspices, appuyée sur les bases solides et consolantes de l’estime de soi-même, de la conscience habituée à se contempler et à se complaire dans ce qu’elle produit de bien, ne peut, manquer d’être heureuse, et fournit des ressources contre les injustices passagères des hommes, contre les coups imprévus de la fortune. »
M. A. JULLIEN DE PARIS 1835 – Essai général d’éducation physique, morale et intellectuelle.