Catégorie : Hunaré

  • Perceptibilité et Médiumnité : clarifier les termes

    Au fil du temps, la société a exploré de nombreux chemins afin de comprendre, nommer et encadrer les manifestations de l’invisible. Les mots ont évolué, leurs sens se sont transformés, et des interprétations successives ont parfois semé la confusion. Parmi les notions essentielles qu’il convient de distinguer figurent la « perceptibilité » et la « médiumnité ». En parallèle, la reconnaissance du rôle du « psychiste » et du « psychisme » permet de mieux appréhender l’ensemble de ces phénomènes. Il s’agit de restituer à chaque concept sa véritable dimension et de rendre compte de l’extraordinaire complexité des rapports entre notre monde visible et les réalités subtiles qui l’entourent.

    La perceptibilité désigne une sensibilité humaine affinée, permettant à un individu – appelé « perceptible » – de percevoir des réalités invisibles sans perdre conscience ni personnalité. Le perceptible ressent des choses subtiles, qu’il s’agisse d’émotions non exprimées, d’empreintes énergétiques, de présences invisibles ou de pensées latentes. Certains vont plus loin : le psychiste est un perceptible qui, non seulement ressent ces informations, mais sait aussi diriger, influencer, orienter et harmoniser les énergies perçues. Il devient ainsi à la fois émetteur et récepteur, un acteur conscient du monde subtil. Cette maîtrise du psychisme permet de naviguer dans l’invisible tout en gardant lucidité et discernement. Des ouvrages comme L’Échelle de la réincarnation et Les Dialogues quintessentiels, ainsi que le documentaire Le Visible & l’Invisible, décrivent ce phénomène et montrent comment la perceptibilité et le psychisme s’exercent dans une dynamique constructive.

    Le mot « médium », quant à lui, s’est imposé au XIXe siècle grâce à Allan Kardec, qui visait à démontrer que le contact avec l’invisible ne relevait pas de l’autorité d’une institution religieuse. Un médium, au sens originel, est un canal involontaire : il perd conscience et identité pendant un court laps de temps, laissant une autre entité s’exprimer par son intermédiaire. Sa voix peut alors changer, des phénomènes physiques étranges peuvent survenir, mais la durée de cet état ne peut s’étendre sur des heures, tant il est épuisant. Il ne s’agit pas d’un échange équilibré, mais d’une prise de contrôle externe, souvent brève et déstabilisante.

    De nos jours, on qualifie parfois de « médiumnité en salle » ou de « contact avec les défunts par un médium » des événements publics au cours desquels un praticien parle pendant une ou deux heures, en restant conscient et lucide, sans perte de personnalité ni phénomène extrême. Dans ces cas, il s’agit le plus souvent de perceptibilité (et parfois de psychisme, si la personne dirige aussi les énergies perçues) plutôt que de médiumnité. En effet, le praticien capte des informations déjà présentes dans la sphère énergétique ou dans la psyché du public, ressent la présence de défunts liés à la dimension terrestre, interprète et restitue ces données. Mais il ne subit pas de prise de contrôle involontaire de la part d’une entité supérieure. Ce n’est donc pas de la médiumnité au sens strict du terme, mais plutôt un exercice de sensibilité subtil et maîtrisé.

    Il arrive toutefois qu’un perceptible ou un psychiste se retrouve, l’espace d’un instant, dépassé par une énergie plus forte que lui, cédant temporairement le contrôle. Cette situation peut ressembler à un bref épisode médiumnique. En général, cette intrusion répond à un intérêt d’ordre général ou spirituel, visant un but qui dépasse celui du perceptible lui-même. Cependant, cette incursion reste ponctuelle et n’équivaut pas à une longue séance publique dite de « médiumnité ». De même, un défunt encore lié à la sphère terrestre peut tenter de dominer un perceptible ou un psychiste pour accomplir ses propres desseins, qu’ils soient bienveillants ou malveillants. Cette domination n’est pas de la médiumnité pour autant, car elle émane d’un être encore très proche du monde matériel, poursuivant des intentions personnelles. La médiumnité originelle implique une énergie plus constante et plus vaste, liée à un dessein transcendant et immatériel, permettant aux défunts d’une autre dimension de s’exprimer brièvement, dans un contexte d’évolution et de compréhension supérieure, sans finalité triviale.

    Par ailleurs, il est généralement admis que le monde des énergies influence nos consciences, nos pensées et notre parcours de vie, même si cela nous échappe souvent. Ce que nous appelons « hasard » peut parfois résulter de l’action discrète de présences invisibles, de défunts, ou de la conscience universelle. Ces influences nous orientent, parfois sans que nous en ayons conscience, vers certains événements ou expériences. Les soirées « paranormales » et autres rencontres sensibles témoignent de cette intrication entre le visible, l’invisible, le perceptible, le psychiste et les énergies qui nous entourent. Loin d’une passivité, le perceptible ou le psychiste devient alors un artisan du lien entre les mondes, un témoin actif et éclairé.

    En définitive, rétablir ces distinctions éclaire la compréhension de la gradation subtile entre la sensibilité consciente du perceptible, la maîtrise énergétique du psychiste et la transe involontaire du médium authentique. Le perceptible ressent, le psychiste dirige l’énergie en plus de la percevoir, tandis que le médium, lors de rares et brefs moments, perd le contrôle au profit d’une entité extérieure. La plupart des événements contemporains présentés comme de la « médiumnité en salle » relèvent en réalité de la perceptibilité ou du psychisme, et non d’une médiumnité originelle, ponctuelle et énergétiquement éprouvante. Des références variées, allant des traditions anciennes (Rishis, chamanes, oracles, prêtres égyptiens) aux travaux d’Allan Kardec, de la Society for Psychical Research, ainsi qu’aux témoignages de figures comme Gerard Croiset, Jozef Rulof, Prentice Mulford, Walter Russell et à l’héritage philosophique de René Descartes, convergent vers cette compréhension nuancée. Ainsi, l’expression « événement paranormal avec possibilité de médiumnité » semble plus appropriée, car elle reconnaît la complexité des phénomènes, la diversité des intentions et la multiplicité des niveaux de perception. On clarifie alors les rôles, les états et les influences en jeu, respectant ainsi la complexité du rapport entre le visible et l’invisible, entre l’individu et les énergies qui l’entourent, entre l’humain et le divin.


    Références historiques, philosophiques, spirituelles et paranormales

    • Allan Kardec (XIXᵉ siècle) Le Livre des Esprits (1857) Le Livre des Médiums (1861) Kardec définit le rôle du médium et la nature involontaire de la transe, détachant ce phénomène de l’autorité religieuse.
    • Gerard Croiset (1909–1980), célèbre sensitif néerlandais, Croiset était connu pour ses capacités de perception extrasensorielle (perceptibilité) et non pour de longues transes involontaires. Ses interventions, étudiées par le Pr. Willem H.C. Tenhaeff à l’Université d’Utrecht, illustrent la sensibilité au subtil sans possession prolongée.
    • Jozef Rulof (1898–1952), auteur spirituel néerlandais, Dans ses ouvrages (par exemple, Nos Livres spirituels), Rulof décrit diverses formes de contact avec l’invisible, tout en distinguant clairement l’inspiration spirituelle consciente de la possession involontaire de type médiumnique.
    • Prentice Mulford (1834–1891), philosophe du New Thought et psychiste, Mulford, dans Thoughts are Things et d’autres essais, met l’accent sur le pouvoir de la pensée, la sensibilité et l’influence que l’individu exerce sur l’invisible. Il ne décrit pas la perte de conscience ni la possession involontaire, mais une capacité humaine innée à interagir consciemment avec l’invisible (perceptibilité).
    • Walter Russell (1871–1963), mystique, artiste et philosophe américain, Dans The Secret of Light et d’autres œuvres, Russell évoque une sensibilité cosmique et une perception élargie, insistant sur la maîtrise de soi et la coopération consciente avec l’Univers, plutôt que sur la passivité involontaire typique de la médiumnité originelle.
    • René Descartes (1596–1650), philosophe français, Sans aborder directement la médiumnité, Descartes, avec son célèbre Cogito, ergo sum (« Je pense, donc je suis »), met l’accent sur la conscience de soi et la rationalité. Cette insistance sur la conscience et l’identité personnelle permet de distinguer la perceptibilité (où le sujet reste « je ») de la médiumnité (où l’identité est temporairement perdue).
    • William James (1842–1910), philosophe et psychologue, Ses études sur Leonora Piper, médium américaine, menées dans le cadre de la Society for Psychical Research, montrent que la transe médiumnique est un état limité dans le temps, épuisant et profondément distinct de la simple sensibilité ou clairvoyance consciente.
    • Society for Psychical Research (SPR, fondée en 1882) Frederic W. H. Myers, Henry Sidgwick et d’autres ont analysé, dans leurs travaux, les phénomènes médiumniques authentiques (transes brèves, possession, phénomènes étranges) et les ont comparés aux perceptions extrasensorielles plus légères, conscientes et maîtrisées.
    • Traditions anciennes (Védas, Upanishads, textes chamaniques, oracles grecs, traditions égyptiennes) Elles décrivent des êtres sensibles au subtil (Rishis, chamanes, prophètes, oracles) agissant en pleine conscience. Cette reconnaissance millénaire de la perceptibilité sans transe involontaire renforce la distinction entre perceptibilité et médiumnité.

    Mischa Harmeijer

  • Une personne perceptible

    Une personne perceptible

    La Perceptibilité — Une qualité humaine encore mal comprise
    (Discours de Mischa Harmeijer)

    Depuis des années, j’écoute des personnes persuadées d’être « hypersensibles », épuisées par une condition qu’elles croient être une faiblesse, une fragilité, ou un dysfonctionnement intérieur. En réalité, beaucoup d’entre elles ne sont pas hypersensibles : elles sont perceptibles. Leur souffrance ne vient pas d’un excès d’émotion, mais d’un excès de perception non maîtrisé. L’erreur de mot entraîne une erreur de compréhension — et cette erreur, à elle seule, crée beaucoup de détresse inutile. Lorsque la bonne définition est donnée, tout s’apaise : ce qui semblait être une vulnérabilité devient une qualité, ce qui semblait être un trouble devient une faculté, et ce qui semblait être un problème devient un début de chemin. C’est pour cela que j’ai introduit les mots perceptible et perceptibilité : pour redonner sa juste place à une qualité humaine rare, profonde, et pourtant souvent mal vécue.

    Le phénomène perceptible
    J’ai constaté que les personnes dites « hypersensibles » montrent en réalité une perception élargie et multidimensionnelle. Elles captent plus que les autres — plus vite, plus finement, plus intensément. Mais cette perception, faute d’être maîtrisée, surcharge le mental, augmente l’activité émotionnelle, épuise le système nerveux et conduit parfois à un état dépressif.

    Il est important de le dire :

    • cette situation ne nécessite pas forcément de médicaments ;
    • elle nécessite une compréhension correcte et une méthode de gestion ;
    • elle fait partie d’une évolution naturelle dans la trajectoire de l’âme.

    C’est une étape, pas une anomalie.

    Qu’est-ce qu’un perceptible ?
    Un perceptible est une personne dotée d’une perception élargie, active simultanément par les sens, par le champ magnétique, par l’émotion et par l’intuition profonde. Il perçoit souvent :

    • les émotions, tensions, intentions et états des autres ;
    • les variations de lumière, de son, d’air, de vibration ;
    • les nuances fines de goût, d’odeur ou de toucher ;
    • les énergies, pressions, densités ou mouvements subtils ;
    • des informations liées au passé, au présent ou à l’avenir.

    Lorsqu’un perceptible apprend à canaliser ses capacités, sa perception devient stable, son mental devient clair, et sa concentration devient si fine qu’il peut agir avec une précision psychique exceptionnelle. À ce niveau, on parle de psychiste.

    Pourquoi ces qualités apparaissent-elles ?
    Elles apparaissent dans le cycle de l’âme au moment où l’être doit élargir sa connaissance de lui-même, des autres et de la vie. Une perception élevée est un outil de compréhension profonde : elle n’est ni une mission, ni une obligation d’aider, ni un appel au sacrifice. C’est une étape intérieure qui conduit l’être humain à se connaître en vérité. Et parce qu’il comprend profondément ce que traverse l’autre, le perceptible devient souvent — naturellement — un point d’appui pour ceux qui l’entourent. La perception élevée n’est pas faite pour manipuler le monde matériel. Elle est faite pour lire l’homme, car c’est là que son utilité est la plus grande.

    Ce n’est pas du paranormal
    Cet état n’a rien d’ésotérique. Il ne s’agit pas d’un don, ni d’une médiumnité, ni d’une capacité surnaturelle. C’est une fonction naturelle de la conscience dans son évolution. Le perceptible n’est pas en dehors du réel : il voit le réel plus profondément que les autres.

    TEST — ÊTES-VOUS UN PERCEPTIBLE ?
    Répondez spontanément : oui ou non.

    1. Ressentez-vous immédiatement l’état émotionnel d’une personne, même si elle ne dit rien ?
    2. Vous arrive-t-il de « savoir » ce qui se passe chez quelqu’un sans explication logique ?
    3. Les lieux, les ambiances et les foules vous fatiguent rapidement ?
    4. Vous percevez des détails que les autres ne remarquent jamais ?
    5. Vous captez les tensions invisibles dans une pièce ?
    6. Vous ressentez les intentions d’une personne avant qu’elle parle ?
    7. Votre mental sature vite lorsque vous captez trop de choses à la fois ?
    8. Vous avez souvent besoin d’isolement pour retrouver un état clair ?
    9. Vous avez parfois des intuitions ou des prémonitions qui se révèlent exactes, sans pouvoir expliquer comment vous le saviez ?
    10. Vos émotions semblent parfois ne pas vous appartenir ?

    Si vous avez répondu « oui » à au moins 6 questions, il est très probable que vous soyez perceptible — et non hypersensible. Ce n’est pas une fragilité : c’est une perception non maîtrisée.

    SCHÉMA — Perceptible vs Imperceptible
    Voici un schéma simple pour visualiser la différence :

    1. Niveau de perception Perceptible

    • Capte les émotions, intentions, tensions, densités
    • Lecture intuitive immédiate
    • Surcharge si non maîtrisé

    Imperceptible

    • Perçoit surtout ce qui est visible
    • Lecture mentale plus lente
    • Peu impacté par l’environnement subtil

    2. Relation à l’environnement Perceptible

    • Sensible aux lieux, foules, atmosphères
    • Fatigue nerveuse rapide
    • Influence des champs émotionnels

    Imperceptible

    • Reste stable
    • Peu affecté par l’ambiance
    • Réagit davantage aux faits qu’aux ressentis

    3. Traitement intérieur Perceptible

    • Trop d’informations simultanées
    • Mental saturé sans structure
    • Besoin d’apprendre à canaliser

    Imperceptible

    • Informations limitées
    • Mental linéaire
    • Peu exposé à la surcharge

    4. Évolution possible Perceptible

    • Peut devenir psychiste (perception maîtrisée, concentration extrême + influence mentale précise)

    Imperceptible

    Reste dans la perception classique (logique, sensorielle, émotionnelle simple)

    Conclusion
    Être perceptible n’est pas un problème. C’est une étape — une transition — une ouverture. Quand la perception est comprise et structurée, elle cesse d’être un poids et devient un outil puissant de compréhension de la vie, des autres et de soi-même.